Homme politique italien, (1891-1980), secrétaire général du Partito Socialista italiano. C'est avec lui que Spinelli exerça le mieux les fonctions de "Conseiller du Prince". Selon Spinelli, l'avènement des socialistes dans la coalition qui gouverna l'Italie de 1963 à 1968 ("Centrosinistra"), pouvait offrir l'opportunité d'introduire une politique étrangère marquée d'une empreinte fortement europeiste. Spinelli proposa sa collaboration en vue d'établir les fondements d'une politique gouvernementale européenne tels qu'il les avait déjà esquissés au printemps de 1963. L'Italie devait concevoir une politique étrangère "qui fusse à la hauteur des problèmes et des taches proposés par la situation internationale". Spinelli était convaincu que la lutte pour l'unification de l'Europe passait par la possibilité de contrecarrer la politique gaulliste en coalisant contre celle-ci un ensemble de forces qui comprendrait les exécutifs de la Communauté, les gouvernements et l'opinion publique belge et néerlandaise, les fractions pro-européennes des trois partis britanniques ainsi que la gauche démocratique française anti-gaulliste. Spinelli, en cette période, insista auprès de Nenni pour que le parti socialiste italien abandonnat toute idée de neutralisme ou d'anti-atlantisme. Par la suite, à l'occasion de la nomination de Nenni en tant que ministre des Affaires étrangères, ce dernier requit la collaboration de Spinelli lorsqu'il s'agit de formuler la politique européenne du premier cabinet présidé par Mariano Rumor. Spinelli agit alors officieusement comme conseiller pour les affaires européennes du ministre. Il s'employa activement dans l'accomplissement de cette tache en rédigeant plusieurs notes, mémoranda et lettres adressées au ministre. Il se battit en faveur de l'adhésion de la Grande-Bretagne à la Communauté qui se heurtait alors au veto de de Gaulle. Spinelli conseillait d'appuyer certaines initiatives tendant à tourner le veto français comme celle présentée par le MAE belge Pierre Harmel préconisante des rencontres intergouvernementales périodiques ou comme la proposition anglaise de créer un 'caucus' européen à l'intérieur de l'OTAN. Surtout Spinelli insistait pour que les gouvernements des Cinq exploitassent la possibilité de contacts confidentiels avec le Foreign Office, de manière à fixer une ligne d'action commune pouvant conduire à l'institution d'une nouvelle Communauté politique, même au risque d'en exclure la France.