Guéron, Jules
02 June 1907 (Tunis [Tunisia]) - 11 October 1990 (Paris [France])Description Area
Jules Guéron obtient en 1935 son doctorat de Chimie à l’université de la Sorbonne puis devient assistant à la faculté des Sciences de Strasbourg. Mobilisé au début de la Seconde guerre mondiale, il rallie les Forces Françaises Libres libre à Londres en 1940. En décembre 1941, il est affecté à Cambridge pour travailler au projet anglo-canadien ‘Tube Alloys’ portant sur l’énergie atomique. Après l'Accord de Québec du 19 août 1943 concernant la collaboration entre Etats-Unis et Royaume-Uni en ce domaine, il est détaché par les Forces Françaises Libres au Canada dans les laboratoires de Montréal puis de Chalk River. À l’équipe, chargée de la construction d'une grande pile à eau lourde, collaborent également les scientifiques français Pierre Auger, Bertrand Goldschmidt, Lew Kowarski et Hans von Halban. Jules Guéron, pour sa part, œuvre dans la division ‘Chimie’ où il participe notamment aux travaux relatifs à l'extraction du plutonium. Conscient du redoutable potentiel diplomatique et militaire représenté par une future arme nucléaire, il est l'un de ceux qui prennent l'initiative d'en aviser le général Charles de Gaulle lors de sa visite à Ottawa le 11 juillet 1944.
Les ‘Canadiens’ ayant été autorisés, quoiqu’informellement, à rentrer en France et à mettre à profit leurs connaissances, la carrière de Jules Guéron est toute tracée. Après un bref retour à l'enseignement, il représente la France au sein de la Commission spéciale siégeant aux Nations Unies suite à la présentation, en mars 1946, du rapport Acheson-Lilienthal qui recommande notamment le contrôle des matières fissiles par le biais de la Commission de l'énergie atomique placée sous l'égide des Nations Unies (Plan Baruch). En 1946, le gouvernement français appelle également Jules Guéron à exercer les fonctions de directeur de la Chimie au sein du nouveau Commissariat à l'énergie atomique (CEA), lequel sera à l'origine d'une industrie française indépendante dont la mise en route d'un premier réacteur expérimental en décembre 1948 sera le signal de départ. En 1951, Jules Guéron devient le premier directeur du Centre d’études nucléaires de Saclay. Il est à cette époque impliqué dans une coopération voilée avec l'Angleterre et les Etats-Unis après le discours "Atoms for Peace" tenu en décembre 1953 par le président des Etats-Unis, Dwight D Eisenhower et la Conférence de Genève réunie en 1955. Ainsi est-il, en 1954, l'un des premiers Français à visiter les réacteurs américains installés à Oak Ridge.
Lors des négociations d'Euratom, il est en revanche tenu quelque peu à l'écart : au sein du CEA dont l'opposition au projet est patente, il a la réputation d'être "pro-européen et anti-bombe". Il participe néanmoins en tant que membre de la commission sur Euratom aux pourparlers de Val Duchesse. Il est à cette occasion chargé par Pierre Guillaumat, chef de la délégation française et directeur du CEA, de la préparation d'un premier programme estimé à 100 millions de francs. Après la signature des Traités de Rome, il est nommé directeur pour la Recherche et l'enseignement d’Euratom à Bruxelles en 1958. Son action comprend principalement : la ‘mise en communauté’ d’un centre national de recherches, en l’occurrence le centre d’Ispra en Italie dont il prend la direction ; la réalisation de prototypes pour aider au choix entre les différentes familles de réacteurs (développement, par exemple, du réacteur à eau lourde ‘Orgel’) ; la recherche d'un accord de coopération avec les Etats-Unis juxtaposant à la proposition américaine d'un volet ‘Fabrication et achats de réacteurs" par les firmes européennes, un volet ‘Recherche et développement".
Entre 1969 et 1978, Guéron reprend sa carrière professorale à l’université d’Orsay avant de devenir également expert pour Framatome (1976-1981). Il est en outre l’auteur de nombreux ouvrages, tel "L'énergie nucléaire" (1973), traitant des questions techniques et politiques liées à l'énergie. Mentionnons enfin que Jules Guéron est officier de la Légion d’honneur.
Relations Area
Guéron, Jules
02 June 1907 (Tunis [Tunisia]) - 11 October 1990 (Paris [France])Description Area
Jules Guéron obtient en 1935 son doctorat de Chimie à l’université de la Sorbonne puis devient assistant à la faculté des Sciences de Strasbourg. Mobilisé au début de la Seconde guerre mondiale, il rallie les Forces Françaises Libres libre à Londres en 1940. En décembre 1941, il est affecté à Cambridge pour travailler au projet anglo-canadien ‘Tube Alloys’ portant sur l’énergie atomique. Après l'Accord de Québec du 19 août 1943 concernant la collaboration entre Etats-Unis et Royaume-Uni en ce domaine, il est détaché par les Forces Françaises Libres au Canada dans les laboratoires de Montréal puis de Chalk River. À l’équipe, chargée de la construction d'une grande pile à eau lourde, collaborent également les scientifiques français Pierre Auger, Bertrand Goldschmidt, Lew Kowarski et Hans von Halban. Jules Guéron, pour sa part, œuvre dans la division ‘Chimie’ où il participe notamment aux travaux relatifs à l'extraction du plutonium. Conscient du redoutable potentiel diplomatique et militaire représenté par une future arme nucléaire, il est l'un de ceux qui prennent l'initiative d'en aviser le général Charles de Gaulle lors de sa visite à Ottawa le 11 juillet 1944.
Les ‘Canadiens’ ayant été autorisés, quoiqu’informellement, à rentrer en France et à mettre à profit leurs connaissances, la carrière de Jules Guéron est toute tracée. Après un bref retour à l'enseignement, il représente la France au sein de la Commission spéciale siégeant aux Nations Unies suite à la présentation, en mars 1946, du rapport Acheson-Lilienthal qui recommande notamment le contrôle des matières fissiles par le biais de la Commission de l'énergie atomique placée sous l'égide des Nations Unies (Plan Baruch). En 1946, le gouvernement français appelle également Jules Guéron à exercer les fonctions de directeur de la Chimie au sein du nouveau Commissariat à l'énergie atomique (CEA), lequel sera à l'origine d'une industrie française indépendante dont la mise en route d'un premier réacteur expérimental en décembre 1948 sera le signal de départ. En 1951, Jules Guéron devient le premier directeur du Centre d’études nucléaires de Saclay. Il est à cette époque impliqué dans une coopération voilée avec l'Angleterre et les Etats-Unis après le discours "Atoms for Peace" tenu en décembre 1953 par le président des Etats-Unis, Dwight D Eisenhower et la Conférence de Genève réunie en 1955. Ainsi est-il, en 1954, l'un des premiers Français à visiter les réacteurs américains installés à Oak Ridge.
Lors des négociations d'Euratom, il est en revanche tenu quelque peu à l'écart : au sein du CEA dont l'opposition au projet est patente, il a la réputation d'être "pro-européen et anti-bombe". Il participe néanmoins en tant que membre de la commission sur Euratom aux pourparlers de Val Duchesse. Il est à cette occasion chargé par Pierre Guillaumat, chef de la délégation française et directeur du CEA, de la préparation d'un premier programme estimé à 100 millions de francs. Après la signature des Traités de Rome, il est nommé directeur pour la Recherche et l'enseignement d’Euratom à Bruxelles en 1958. Son action comprend principalement : la ‘mise en communauté’ d’un centre national de recherches, en l’occurrence le centre d’Ispra en Italie dont il prend la direction ; la réalisation de prototypes pour aider au choix entre les différentes familles de réacteurs (développement, par exemple, du réacteur à eau lourde ‘Orgel’) ; la recherche d'un accord de coopération avec les Etats-Unis juxtaposant à la proposition américaine d'un volet ‘Fabrication et achats de réacteurs" par les firmes européennes, un volet ‘Recherche et développement".
Entre 1969 et 1978, Guéron reprend sa carrière professorale à l’université d’Orsay avant de devenir également expert pour Framatome (1976-1981). Il est en outre l’auteur de nombreux ouvrages, tel "L'énergie nucléaire" (1973), traitant des questions techniques et politiques liées à l'énergie. Mentionnons enfin que Jules Guéron est officier de la Légion d’honneur.